Prière celte

Ecoutez le souffle du vent à l’Alban Elfed


Ecoutez le souffle du vent.

Vous vous souvenez encore des jours chauds,
les nuages sont là et le vent a soufflé.

Ecoutez le souffle du vent.
Le soleil doucement revient trouver son équilibre et pendant que les feuilles rougissent, écoutez le souffle du vent.

Ecoutez-le.
Ses tourbillons emportent les feuilles et dénudent les arbres.
Doucement il apporte le froid.

Ecoutez le souffle de la terre.
Doucement la Dame Noire se refroidie.
De sa bouche sort une brume qui se raccroche aux cimes au matin.

Poc. L’avez-vous entendu ?
C’est lui le fruit qui tombe.

Poc – poc. L’avez-vous vu ?
C’est la graine de l’arbre : son formidable potentiel de vie, appelé par la terre.

Poc. L’avez-vous touché ?
Prenez dans vos mains le fruit qui est tombé et regardez ces mystères de vie qui se tiennent simplement entre vos doigts.

Poc – poc – poc.
Sentez l’odeur de la terre par l’humidité ravivée ; c’est elle qui bientôt accueillera le fruit.

Poc. Allez vous le goûter ?
Oserez vous manger le fruit et vous en nourrir ?

Noisette. Voila une étrange leçon.
Comment allez vous l’interpréter ?
Noisette, petite bille de bois, quel est ton enseignement ?

Toute la nature nous le dit. Ces signes sont partout visibles : La voila qui arrive.
Oui, Elle passera bientôt pour réclamer son dû.
Qu’avez-vous à lui donner ?

Petite bille de bois, le noisetier sait bien lui.
Le froid revient et il abandonne à la terre ses feuilles qu’il ne pourra garder.
Elles se décrochent, volent et tombent. Ainsi meurent les feuilles.
Voilà l’offrande du noisetier.

Mais le coudrier sait que s’il offre ses feuilles et qu’il se met en dormance, c’est pour qu’Elle prenne soin de ses filles.

Poc – poc – poc – poc – poc. Elles tombent et roulent à terre ces filles et se cachent sous les feuilles.
Prend mes feuilles, emmène-les et nourris t’en, mais prend soin de mes filles, protèges les et fait les grandir.

Et vous ? Qu’avez-vous à céder à la Dame du Soir ?
Comment êtes vous prêts à mourir pour renaître tantôt ?
L’été a été prodigue et nous a offert les récoltes, mais maintenant, c’est Elle qui fauche.


Ô toi la Noire
Oui toi, la fille du soir.
Tu arpentes les chemins alors que la nuit tombe.
Sur ton flan bat le chaudron que tu portes.
Dans la brume montante du soir tu viens toquer à notre porte.

Car c’est à ton tour de cueillir, à ton tour de récolter.
Prends nos peines et nos tristesses, prends toutes les feuilles que nous avons fanées.
Prends nos mensonges et notre cupidité, mets les dans ton chaudron.
Et tourne, et tourne, et brasse encore.

Et viens et prends, et emporte nos morts.
Tu sais comme nous les avons aimés.
Et viens, reçois notre amour et notre joie, cueille aussi la chaleur de nos rires.
Fait en ton feu pour ton chaudron.


Viens la Noire, viens Cerridwenn.
Prends nos chagrins et nos peines,
Et reçois nos joies et nos « on t’aime »

Viens et sers toi ô notre Reine.


source : webzine n°16 de "culture celte"